
Je me sentais incomprise, mais je ne me comprenais pas non plus. J’ai vécu des expériences dont j’ai eu honte. Je ne voyais que du noir, je portais du noir et je m'enfermais dans le noir. Comme lorsque je faisais de l'acné et que je refusais de croiser un miroir.
J'avais peur d’avoir des expériences sexuelles décevantes, de perdre mes amis, de ne plus avoir ma mère avec moi. Peur d'avoir des cheveux blancs, de perdre la mémoire. Peur de ne pas choisir la bonne discipline, peur de ne pas trouver un métier que j'aime. Tout ça m'est arrivé, pourtant je suis plus heureuse que lorsque j’affrontais toutes ces peurs. L'insécurité a été la meilleure épée pour déchirer la toile de mon coeur.
Ce livre est un cadeau que je m’offre pour mieux m'accepter telle que je suis. Un cadeau pour, lorsque je serai maman, me souvenir, ne pas fermer les yeux, et pour m’aider à comprendre ce que vivront mes enfants. Un cadeau pour vivre dans la vérité. Ma vie a pris racine dans ma famille et nous sommes maintenant des amies. Je vous invite dans des couleurs vibrantes, des noirs, des rouges, des jaunes qui s’entrechoquent. Des lettres écrites à ma mère, à mes amis, à mes amoureux. Des lettres sur mes interrogations et mes peurs; les angoisses d’un fruit cueilli avant son temps. Soif d’être entendue, comprise, apprivoisée, aimée; chercher ma voix. Et puis la ferveur de l’amour, passion, ivresse, désillusion. Toucher aux rêves qu'offrent les mots.
Je souhaite que vous trouviez dans ce livre des miroirs, des chants, des jardins d’amour, de désir, de rêves; des ailes, et le goût de la vie.
N O I R
J'existe! (qui j'essaie de convaincre?)
L'âme estampée de colère
Furieuse de m'être fait toucher
Votre arme m'a paralysée
L'extase d'hier a peut-être amplifié la déception
Du retour dans le sombre tableau de la routine scolaire
Je deviens insupportable
La violence m'indique ce chemin meurtrier
J'y suis presque embarquée
Me reste qu'à attendre la vague
Et me laisser porter
Tuer!
Personne n'a osé
Monter sur table et vous crier
Ce que jamais vous n'entendrez
Message subtil et lourd
Qui marquera mon passage
En tuera quelques-uns et enfin
En ressuscitera plusieurs
Et si vous voulez toujours me tuer
Aiguisez bien votre arme
Et usez d'un bon coup
Pour ne plus jamais me relever
La lucidité m'emporte
Elle me conduit dans la pure noirceur
Tu n'y es pas, pourquoi?
N O I R
Éteindre la passion
Programmer les artères du coeur
Ça ne fait pas partie du métier
Quand je donne une fleur
Ce n’est pas pour me marier
Je voyage en Concorde
Pour ne rien sentir sous mes pieds
Si le véhicule commence à t’effrayer
Quand la sincérité du messager est colorée
Si la rose des vents oriente l’inverse des sentiments
Je ne sais plus quelle philosophie appliquer
Pour me débarrasser de ton odeur
Quand le soleil transperce
Pour éclairer un vide oppressant
Quand la plume active la passion
Mais embrouille la relation
Quand nos virées usent un déguisement
Pour afficher des sourires passagers
Je ne sais plus quelle substance utiliser
Pour effacer ton nom de mes inspirations
Refroidir la passion me déchire
Je vais crier pour la casser
M’habiller de noir pour pleurer
L’écho de ce qui a existé
J A U N E
Bouclier de papier
Il y a sûrement, quelque part, une lueur dans un couloir, où
j'aurais omis de pointer mon regard.
Il y a bien quelque part un rayon de soleil, une vie, de l'amour pour ma chair
noyée.
Et toi, que fais-tu sur mon chemin? Serais-tu là pour m’arrêter
ou m'accompagner? Un passant, une connaissance, une relation superficielle,
sans aile?
Serais-tu comme tant d'autres, dont je me lasse après une vive passion?
Qui ne fait que me décevoir à chaque marche?
Ou bien es-tu de ceux qui me font croire à un espoir, qui agitent mon
esprit, sans vouloir adopter mon coeur?
Que veux-tu à la fin?
Récupérer les « arbres » que je t'écris?
Oh! mon cher, dis-le moi si je te fais peur; dis-moi ce que tu attends de
mon âme, avec ou sans coeur.
Sois cruel, mais juste!
Tu peux me prendre en pitié avec mon bouclier en papier, mais ne joue
pas avec mes sentiments, ils sont déjà trop grands.
J A U N E
Le fatidique claquement de porte
Les yeux rivés droit devant
Enfiler mon chemin
Un pas
Le froid déclencha
L'éruption de mon centre
Des sanglots, des cris, des pleurs sans eau
Cette sécheresse accentua la déchirure
La conscience me fit regarder derrière
Mais tout avait été expliqué
Et c'est là que la goutte d'eau fit son apparition
Elle ne tarda pas à grossir, ralentir, cristalliser et BOUM!
Elle tomba à mes pieds pour provoquer une explosion
Un craquement continu sépara la terre en deux
L'Australie et un bout de mon passé d'Amérique
Devenus planètes inaliénables
Avalant avec elles la fleur humaine
Où vais-je entreposer tous ces je t'aime?
Mon âme trouvera-t-elle refuge?
Plus mes pas avançaient, s'additionnaient, se multipliaient
Plus mon coeur sentait la solitude, la pourriture,
Les regrets, et la mort l'envahir
Chaque pas m'enfonçait plus profondément
Dans le sol pour ensuite constater
Après une vie passée
Que je marchais sous terre, ne broyais que du noir
R O U G E
Message transparent
D'une source vivifiante, un oiseau s'est envolé, emportant avec lui,
un
important message. S'est posé sur mon oreiller un animal volant, un
soir de
printemps. Il ne laissa que transparence, c'est tout ce que j’ai pu
voir.
Après avoir dormi quatre saisons sur cette pureté, un miroir
a fini par
m'éclairer. Et j'ai vu au travers de ma chair, ce message de verre.
Je me suis retournée, 15 livres en moins, et me suis embrassée.
Cinq pas en
avant, comme des feuilles mortes, les questions tombaient. Je ne me fiais
qu'à
la boussole qui clignotait.
Les journées devenaient de plus en plus claires et j'ai trouvé,
ce qui depuis un
an flottait à mes côtés, l’autre moitié de
moi, et ai acceptée, toute sa féminité.
R O U G E
Le début de la faim
Mon âme rêveuse
Soutenue par de nombreux espoirs
Comme une berceuse
M'entraîne dans un long couloir
L'ombre de ton esprit
Qui enfin surgit
Complément, mon miroir
J'arrive à voir
Voûte profonde
Cherchons ensemble
En ce bas monde
Ce qui nous ressemble
Le jardin
Qui comblera notre faim
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